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Appel à articles pour un numéro à paraître en 2026

Les Je du système

numéro coordonné par Serge FINCK

Ce numéro s’intéressera plus particulièrement aux applications de la théorie des jeux à la dynamique des systèmes complexes. En retour, il devrait contribuer à un enrichissement de la théorie des jeux par des essais de modélisation fine de l’agent, approché lui-même comme un système complexe.

La théorie des jeux (Morgenstern & von Neumann 1944) propose une description formelle des interactions stratégiques entre les composants d’un système, considérés comme des agents, c’est-à-dire des entités capables d’effectuer des choix en fonction de leurs intérêts propres et des calculs qu’ils peuvent faire sur les choix qu’effectuent les autres composants du système. Le système en question peut être social (une organisation, un marché, l’économie en général, un groupe familial…) mais aussi biologique (comportement des virus, évolution des espèces…). Les agents sont des individus (humains ou non humains, animés ou non) ou des collectifs.

Le formalisme mathématique et le postulat d’une rationalité, serait-elle limitée, des agents ont suscité un débat, qui persiste, sur les limites de l’application de la théorie des jeux à l’analyse de la vie réelle. Le principal domaine d’application de la théorie a jusqu’à présent été l’économie, avec plusieurs prix Nobel attribués à des chercheurs travaillant dans ce champ.

La théorie des jeux présente pourtant un intérêt manifeste pour la simulation et la prédiction du comportement de systèmes complexes dans des champs très divers, et donc pour une modélisation descriptive de la réalité. Le simple exemple du fameux « dilemme des prisonniers » énoncé par Albert W. Tucker (Poundstone 1992) montre qu’en présence de plusieurs scénarios possibles d’évolution d’un système, la simulation des calculs que peuvent faire les agents sur les calculs que font les autres peut permettre de réduire l’éventail de ces scénarios à un seul qui est le plus probable. La capacité prédictive d’un modèle systémique s’en trouve accrue, par exemple dans le domaine des relations internationales (Finck 2022).

Historiquement, les Conférences Macy entre 1942 et 1953 ont été le creuset d’échanges mutuellement fructueux entre des courants d’idées et des disciplines différentes, des mathématiques et de l’informatique naissante à la psychanalyse et à la psychologie, en passant par l’anthropologie, la linguistique, l’économie… Elles furent notamment à l'origine du courant cybernétique, des sciences cognitives et des sciences de l'information. La théorie des jeux joue dès le départ dans ces échanges un rôle majeur. En France, la réception conjointe de la théorie des jeux et de la cybernétique est particulièrement importante dans les sciences humaines et sociales à cette époque, y compris chez des auteurs dont on a pu oublier qu’ils les ont sérieusement prises en compte, comme Claude Lévi-Strauss ou Jacques Lacan (Tazdaït 2023). Par la suite, la théorie des catastrophes de René Thom (1972), qui montre son potentiel dans la description de systèmes loin de l’équilibre (Finck 2025), s’est présentée comme une réponse à certaines limites de la première théorie des jeux de von Neumann et Morgenstern, et donc comme une extension de celle-ci. Les apports entre théorie des jeux et théorie des systèmes sont donc réciproques et mutuellement profitables.

Une des difficultés à lever pour explorer plus avant le potentiel de la théorie des jeux pour l’étude et la prédiction des systèmes complexe concerne sans doute le terme « d’agent ». Celui-ci couvre tous les cas de figure, y compris celui d’agents très simples comme des microbes, ou même des non-humains comme des ordinateurs : il permet à la modélisation de s’émanciper de la question de l’intentionnalité de l’action. Toutefois, dès lors que l’on envisage l’approche en termes de « stratégie », la conduite de l’agent se complexifie elle aussi, impliquant pour les calculs qu’il effectue la nécessité d’une mémoire, d’une capacité à anticiper, la possibilité d’une rationalité limitée, ou de différentes rationalités, certaines ignorées de lui-même, y compris quand il s’agit de ses propres choix. L’agent dans un système complexe devient lui-même un système complexe. Pour les collectifs humains, plusieurs auteurs (dont Crozier & Friedberg 1977) préfèrent le terme « d’acteur », impliquant une certaine liberté de ce dernier par rapport aux règles du jeu, une capacité à se distancier du rôle qu’il joue dans le système. Les mobiles profonds peuvent aussi être inconscients : l’acteur se dissocie en plusieurs agents qui peuvent alimenter un conflit intérieur.

Malgré un large champ d'application, d'importantes lacunes subsistent donc dans la compréhension de ces jeux d’agents et d’acteurs dans les systèmes du monde réel, en particulier dans des environnements dynamiques et imprévisibles. L’enjeu de ce numéro est d'affiner les modèles prédictifs du comportement des systèmes complexes, humains en particulier mais non exclusivement, d'améliorer les outils théoriques et de fournir des connaissances aidant à relever les défis biologiques, psychologiques, sociétaux et environnementaux complexes.

Exemples de thèmes :

– Histoire des idées décrivant les apports mutuels entre théorie des jeux et systémique.

– Modèles et simulations basés sur des agents pour la prise de décision stratégique.

– Rôle de la théorie des jeux dans l'analyse des réseaux sociaux.

– Modélisations permettant de prédire les interactions stratégiques.

– Enrichissement de la théorie des jeux par des conceptions innovantes de l’agent.

– Applications innovantes de la théorie des jeux en biologie.

– Dynamique des systèmes multi-agents.

 

Références :

Crozier M. & Friedberg E. (1977), L’acteur et le système, Paris, Seuil.

Finck S. (2022), Prédire le système-monde à la lumière de la théorie des jeux, Préface à la réédition de P. Schmoll, La Guerre Demain, Strasbourg, Éditions de l’Ill, p. 7-11.

Finck S. (2025), Le comportement des systèmes loin de l’équilibre : hystérésis, bifurcations, catastrophes, Cahiers de systémique, 7, p. 9-20. DOI : https://doi.org/10.5281/zenodo.17279848.

Morgenstern O. & von Neumann J. (1944), Theory of Games and Economic Behavior, Princeton (NJ), Princeton Univ. Press, 1944

Lévi-Strauss C. (1954), Les mathématiques de l’homme, Bulletin international des sciences sociales, Paris, Unesco, 6(4), p. 643-653.

Poundstone W. (1992), Prisoner’s Dilemma: John von Neumann, Game Theory and the Puzzle of the Bomb, New York, Doubleday.

Tazdaït T. (2023), La science est un jeu. La théorie des jeux dans la France des années 1950, Paris, Garnier.

Thom R. (1972), Stabilité structurelle et morphogénèse : Essai d’une théorie générale des modèles, Reading (MA), W. A. Benjamin.

 

Les propositions d’articles sont à envoyer à la rédaction des Cahiers de systémique (contact@groupepsi.com), avec un résumé et des mots-clés en français et en anglais, avant le 31 mai 2026. Parution prévue au deuxième semestre 2026.

Consignes aux auteurs

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2026

Les Je du système

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