top of page
CS-bandeau2.png

À paraître :

2023 - n° 3

Faire famille : autour de l'enfant ?

En approche systémique, la famille n’est pas la simple addition de ses membres. Elle est une entité en soi, qui définit ses frontières et ses relations avec l’extérieur, distribue les rôles à l’intérieur, assure sa cohésion et la transmission de son ethos d’une génération à une autre. Elle est alors soumise à une double exigence possiblement contradictoire : rester ensemble et cependant permettre à ses membres de changer, de s’individualiser.

Mais la famille elle-même, lieu idéalisé de la permanence, change sous la pression des évolutions sociétales. Il ne fait guère de doute que depuis le milieu du XXe siècle des transformations profondes ont affecté les formes traditionnelles de la famille : déclin du mariage, multiplication des divorces et des recompositions familiales, réduction du nombre d’enfants par famille, arrivée plus tardive du premier enfant, généralisation des méthodes contraceptives, techniques de procréation, distribution des rôles entre partenaires du couple, accès des couples homosexuels à la parentalité…

Il ne semble plus qu’il y ait de pertinence à rapporter ces transformations à la figure de la famille traditionnelle : une femme et un homme se rencontrent, s’aiment, et de leur union naît un enfant (préférablement plusieurs enfants !) qu’ils élèvent pour en faire un adulte qui les quittera pour à son tour créer un foyer. Faire famille aujourd’hui ne passe plus nécessairement par un couple dont la permanence et les rôles distribués et complémentaires seraient le socle. C’est la parentalité, et donc l’apparition de l’enfant, qui semble désormais définir ce qui fait famille : on parle de « famille » monoparentale à propos d’un parent séparé et son ou ses enfants, parfois d’une mère qui dès le départ a choisi de « faire un bébé toute seule » (comme le chantait Jean-Jacques Goldman dans les années 1980). Familles « recomposées », familles homoparentales, autant de désignations indiquent que la famille « nucléaire », autour d’un couple monogame et hétérosexuel, qui a été le modèle des familles occidentales des années 1950 à 1970, est aujourd’hui confrontée à des évolutions qui l’obligent à se repenser.

Comment le système-famille fait-il son affaire de ces évolutions ? Les familles qui restent référées à un modèle traditionnel s’adaptent diversement, parfois dans des formes pathologiques qu’expriment des symptômes tels que les violences conjugales, les troubles alimentaires... La famille s’en trouve davantage exposée aux intrusions des instances de contrôle (services sociaux, justice, santé…), elle tend alors à se refermer sur-elle-même, alors même que les sollicitations extérieures et les technologies de communication permettent à ses membres de s’échapper.

En particulier, dans ce contexte, l’enfant prend une place centrale, qui fait peser sur lui une charge psychique importante : c’est lui qui devient le centre de la famille, c’est lui qui fait lien, parfois même il est le médiateur entre ses parents en conflit, il les motive à changer. Cette position du tiers, qui incombait traditionnellement au père, est problématique : elle est de nature à l’empêcher de quitter la famille et prendre son indépendance.

Les contributions à ce numéro illustrent différentes variations de ce fonctionnement, qui requièrent parfois des interventions institutionnelles et/ou professionnelles. Elles laissent en suspens la question du devenir du système-famille aujourd’hui et dans le futur, mais suscitent des pistes de recherche innovantes.

 

 

CS00-couv(àparaître)(vignette).jpg

2023 - n° 3

Faire famille :

autour de l'enfant ?

bottom of page