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2025 - n° 6

APPEL à contributions

Effractions

numéro coordonné par Daria DRUZHINENKO-SILHAN & Mylène BAPST

ISSN 2968-0190

Violences, agressions, chocs, blessures, infections, invasions, les qualificatifs ne manquent pas pour désigner des situations très diverses, de la blessure physique à l’agression d’un pays par un autre, en passant par le forçage des fermetures d’un bâtiment et les traumatismes psychiques, mais qui semblent présenter des analogies. Des disciplines différentes : biologie, psychologie, sociologie des organisations, relations internationales, sont sollicitées par le terme d’effraction, ici choisi pour sa polysémie, et qui évoque un processus commun : l’atteinte brutale d’un système par un agent extérieur, qui rompt ses défenses, son enveloppe, et pénètre à l’intérieur.

L’image de l’effraction permet d’explorer différents concepts qu’elle évoque dans des disciplines également différentes, tout en leur servant de passerelle pour les faire dialoguer.

C’est ainsi que l’idée d’effraction peut être approchée à travers le concept de stress, qui désigne en biologie l'ensemble des réactions d'un organisme soumis à des pressions ou contraintes de l'environnement. La notion est introduite par l'endocrinologue Hans Selye (1956), qui décrit chez ses patients le mécanisme du syndrome d'adaptation, c'est-à-dire l’ensemble des modifications qui permettent à un organisme de supporter les conséquences d’une agression, naturelle ou provoquée. Les facteurs de stress sont nombreux et il conviendrait de distinguer ceux qui ont un caractère d’effraction (traumatismes, interventions chirurgicales, blessures, agent pathogène…) d’autres comme la surcharge de travail, les déséquilibres alimentaires qui ont un caractère plus chronique. Toutes les situations « stressantes » sont-elles des effractions ?

En psychologie, c’est davantage le concept de trauma qui sera sollicité. Il désigne l'ensemble des mécanismes de sauvegarde d'ordre psychique, neurobiologique et physiologique qui peuvent se mettre en place à la suite d'un ou de plusieurs évènements générant une charge émotionnelle non contrôlée et dépassant les ressources du sujet. Les causes qui évoquent directement une effraction peuvent être à la fois physiques et psychiques : coups et blessures, viol ou autre abus sexuel, accident, harcèlement moral, endoctrinement…

On peut se poser la question de ce qui spécifie formellement une effraction par rapport à d’autres sollicitations contraignantes ou agressions. La rapidité, la brutalité de l’évènement est-elle un critère distinctif ? Peut-on considérer qu’une effraction implique une atteinte des frontières, une déchirure de l’enveloppe ? Un cambriolage par effraction dans le domaine privé, un viol ou la pénétration d’une lame dans le corps, l’effraction d’une cellule par un virus impliquent une représentation spatiale : quelqu’un ou quelque chose est entré dans un espace fermé en forçant cette fermeture, pour y déposer quelque chose dont il faut désormais se débarrasser.

L’état d’impréparation du système, la surprise, sont-elles en cause ? Les modes de réaction, de réponse du système à l’effraction sont-elles spécifiques ? La figure de l’effraction sollicite les concepts qui rendent compte de la manière dont il y est répondu : résistance, résilience, dissociation, fragilité, antifragilité… Les réponses à l’effraction sont-elles, selon les cas, adaptées, insuffisantes, exagérées, se retournant éventuellement contre le système lui-même à la manière de réponses auto-immunes ? On sait que le stress peut être lui-même négatif ou positif, avoir des effets de réagencement, de réorganisation du système, mais à quelles conditions ?

Ainsi, l’effraction est un phénomène qui se prêterait à une description formelle générale, impliquant le forçage de la frontière d’un système, la rapidité ou la brutalité de ce forçage, la pénétration dans l’intérieur, le dépôt de quelque chose dans cet intérieur.

L’effraction est aussi un thème mobilisateur parce qu’elle se présente comme un évènement souvent inattendu qui interpelle : quel que soit le registre, mais surtout si des êtres humains sont impliqués, individuellement ou collectivement, elle surprend la ou les victimes, mais aussi les observateurs, elle suscite la fascination, la révolte, la colère. On devra se demander si l’impression d’une parenté entre différentes formes et niveaux d’effraction peut fonder une modélisation abstraite générale, ou si elle est un simple effet d’émotion.

La rédaction des Cahiers accordera une attention particulière aux contributions exposant des pratiques qui visent à traiter les effets négatifs des effractions, qu’elles soient biologiques, psychiques ou sociales, en particulier les thérapies et traitements des états post-traumatiques. Les contributeurs auront le souci de définir, non seulement dans leurs disciplines respectives, mais aussi en termes systémiques, ce qu’ils entendent par effraction et les modes d’action de la pratique étudiée.

L’image de l’effraction permet de parler in abstracto de situations diverses, à des niveaux divers (invasions, cambriolage, infestation, coups et blessures…) qui présentent des analogies. Ce ne sont pas que des métaphores car les analogies permettent des montées en généralité. On demandera aux contributions de veiller à cette montée en généralité vers une modélisation systémique, pour permettre des passerelles entre domaines d’études, champs et disciplines différents, voire distants.

 

Les propositions d’articles sont à envoyer à l’attention des Cahiers de systémique, à l’adresse psi@groupepsi.com, avec un résumé et des mots-clés en français et en anglais, avant le 15 mai 2025. Parution prévue au cours de l’été 2025.

Consignes de présentation

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2025 - n° 6

Effractions

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