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Appel à articles :

2024 - n° 5

Systèmes de santé et santé des systèmes

 

En France, ce qu’il est convenu de nommer « système de santé » est souvent confondu avec l’un de ses sous-systèmes qu’est le système de soins, lequel décrit les moyens organisationnels et stratégiques mis en place pour assurer la continuité et la qualité des prestations de santé médicale et médico-sociale. Il inclut cependant plus largement la prévention des pathologies, ainsi que les principes éthiques régissant les pratiques soignantes, tels que la prise en compte de la dignité du patient et de son autonomie. Ces principes sont eux-mêmes inscrits dans la loi, les rendant contraignants pour les personnels soignants. La mise en application effective de ces principes est tributaire de logiques économiques et du bon fonctionnement du système politique. La « santé » du système de santé se trouve de ce fait tributaire de la « santé » d’autres systèmes eux-mêmes imbriqués, organisationnels, économiques, scientifiques, politiques, etc.

Ce numéro sollicite, d’une part, des contributions portant sur les systèmes de santé tels qu’ils sont déterminés dans leur fonctionnement par leur appartenance à d’autres systèmes com­plexes. D’autre part, nous souhaitons ouvrir une réflexion sur la « santé des systèmes » au sens large. Cela suppose d’interroger ce que l’on peut entendre par la « santé » d’un système en par­ticulier (économique, politique, de soins, etc.) ou en général, par exemple via un retour réflexif et/ou critique sur d’autres notions plus traditionnellement employées telles que la « perfor­mance ».

Nous encourageons également les contributions mettant en discussion la définition toujours largement employée de la santé des individus et des populations, entendue comme « un état complet de bien-être physique, mental et social », selon la constitution de l’Organisation Mondiale de la Santé de 1946. À noter que, dans cette même constitution, il est précisé : « La santé de tous les peuples est une condition fondamentale de la paix du monde et de la sécurité ; elle dépend de la coopération la plus étroite des individus et des États ». Loin d’une définition strictement ato­miste, le texte de l’OMS ouvre la voie à une prise en compte multifactorielle de la santé, pointant de fait les interdépendances entre les niveaux d’action (individuel et étatique) et celles entre la santé, la paix et la sécurité. La définition de l’OMS n’en reste pas moins idéaliste et statique, ce qui la rend difficilement objectivable. On peut s’interroger en effet sur qui sont ces citoyens et ci­toyennes, pouvant se revendiquer d’un « état complet de bien-être physique mental et social » ; tout en questionnant les critères et les seuils de « mauvaise santé » des peuples, induisant un défi­cit de sécurité et mettant à mal la paix dans le monde. En cela précisément, l’approche systémique pourrait permettre de proposer une définition dynamique de la santé et des interactions entre les systèmes.

Il nous semble pertinent également d’interroger le concept de « One Health », apparu au dé­but des années 2000. Ce concept vise à appréhender la santé humaine intégrant des interactions réciproques avec la santé d'autres systèmes comme l'environnement et la production agricole. On pense par exemple à l’utilisation d’insecticides, qui va contaminer les sols au même titre que les animaux élevés en plein air, exposant en retour l’humain qui les consomme à des risques sani­taires par zoonose.

De manière extensive, les systèmes de santé considérés dans le cadre de cet appel à articles pourront être appréhendés à plusieurs niveaux, considérés individuellement ou de manière corré­lée :

– le niveau macrosocial des systèmes de santé et de soins nationaux ; de leur version terri­torialisée en « agences régionales de santé » dans le cas français ; d’hôpitaux ; d’EHPAD ou autres services et établissements médico-sociaux ou sociaux ;

– le niveau plus microsocial des interactions soignants-patients ;

– des approches holistiques de la santé individuelle.

En d’autres termes, nous proposons de nous écarter de la définition institutionnelle d’un système de santé, pour l’appliquer aux organisations en charge de soigner et/ou de gérer ou planifier la prévention en santé.

Les contributions pourront ainsi proposer une interprétation de ce qui est entendu par la notion de « santé » et les systèmes dans lesquels elle s’insère, de même que ce qu’il est possible d’entendre par la « santé » d’un système donné (en proposant par exemple des indicateurs et/ou une manière d’étudier les boucles de rétroaction au sein des systèmes). Nous proposons plusieurs axes thématiques, dont la liste ci-après n’est pas exhaustive :

  • Les systèmes de santé voient continuellement leur fonctionnement remis en cause et être sujet à des politiques importantes de transformations, ce qui interroge en premier lieu quant à la finalité de ces politiques : améliorer la santé des populations et mieux soigner les individus, réduire les dépenses de santé afin de « soigner le système de santé », ou les deux de manière corrélée ? Ainsi, plus généralement, se pose la question de la santé des systèmes (dont l’individu lui-même et ses composantes bio-psycho-sociales), de sa définition et des identités de ces systèmes. Dès lors, que peuvent nous apprendre les études de modélisation et simulation des écosystèmes sur leur fonctionnement et leur santé, comme par exemple : l’impact de la perte massive de la biodiversité sur des indicateurs socio-économiques ? Com­ment est évalué le fonctionnement des systèmes scolaires ? Comment la « santé » des orga­nisations, en continuelle transformation face aux défis de la digitalisation, est-elle analysée ? En quoi les efforts de l’OMS visant à développer une approche globale des systèmes de san­té, et plus récemment le concept de « One Health », permettent-ils d’améliorer la santé de ces systèmes ? Extraire les points communs de ces approches pourrait permettre de définir ce qu’est « la bonne santé d’un système » et de mettre en évidence des stratégies d’inter­ventions favorisant des évolutions favorables et résilientes d’un système afin de répondre à leurs missions.

  • Quels sont les impacts des modes de management sur la santé des systèmes de santé, eux-mêmes tributaires de choix politico-économiques, liés notamment au , niant les différences de mode de gestion entre structures privées et publiques ? Nous pensons par exemple à la tarification liée à l’acte (T2A), ayant vocation à évoluer vers un financement sur « objectifs de santé publique », négociés avec les ARS, dans le milieu du sanitaire. Quelles définitions de la santé sont induites par ces modes de tarification ? Permettent-ils une prise en soins efficiente des patients selon une perspective globale, impliquant la mise en cohérence de leurs parcours de vie, de santé et de soins ?

  • Qu’est-ce que la digitalisation des champs du sanitaire, social et médico-social, génère en termes de nouvelles pratiques soignantes ou de déplacement des finalités et frontières organisationnelles ? Va-t-on vers une meilleure santé des systèmes de santé et des populations, grâce à l’« abolition du temps et de l’espace » et la traçabilité des soins induite par les technologies de la santé et de l’autonomie, dont participe la télémédecine, les systèmes d’information pour le parcours et la coordination, etc. ? Tend-t-on ainsi vers une abolition des déserts médicaux et un plus grand pouvoir accordé au patient quant à sa prise en soins (par le suivi de ses constantes, l’accès à des données de santé dématérialisées, etc.) ? Ou alors, va-t-on vers plus de contrôle et une accentuation de la dimension biomédicale de la prise en soins ?

  • Quelle place attribuer à des approches non conventionnelles, actuellement négligées, voire rejetées, par les conceptions biomédicales dominantes relevant de l’, dont l’intérêt affiché consiste à approcher la santé individuelle dans sa complexité éco-bio-psycho-sociale ? , quelle épistémologie leur appliquer pour s’assurer de leur validité scientifique ?

  • Quels sont les liens entre la santé des systèmes économiques et/ou politiques et celui des systèmes de santé ? L’ultra-individualisation de nos sociétés occidentales contemporaines conduit-elle à amoindrir la conception du collectif, lequel constitue une ressource pour chaque individu ? Si tel est le cas, comment penser alors le maintien (ou non) des principes de solidarité intergénérationnelle et interclasses sur lesquels reposent les systèmes de protection sociale, tels que celui que connaît la France depuis l’après-guerre, en particulier l’assurance maladie et plus récemment la cinquième branche de la Sécurité sociale dédiée à l’autonomie ?

 

Les propositions d’articles sont à envoyer à Christophe Humbert (ch@groupepsi.com), avec un résumé et des mots-clés en français et en anglais, avant le 30 juin 2024. Parution prévue à l’automne 2024.

Consignes :

 

– Les articles ne doivent pas dépasser 70 000 signes et blancs, hors bibliographie, notes incluses.

 

– Normes bibliographiques :

 

Appel de référence dans le texte : (Pinsolle 2020) ou (Dodier, Barbot et al. 2020), renvoyant à la bibliographie en fin de texte.

 

Article d’une revue : Dodier N., Barbot J. (2016), La force des dispositifs, Annales Histoire Science Sociales, 71, 2, p. 421-448.

Article de presse : Pinsolle D. (2020), Le chiffon rouge de la liberté universitaire, Le Monde Diplomatique, décembre, p. 28,<https://www.monde-diplomatique.fr/2020/12/PINSOLLE/62551>.

Ouvrage : Certeau (de) M. (1980), L’invention du quotidien. Arts de faire, Paris, Gallimard.

Ouvrage collectif : Arleo A., Delalande J. (dir.) (2011), Cultures enfantines, Universalité et diversité, Rennes, Presses universitaires de Rennes.

Chapitre d’ouvrage : Heinen J. (1993), Le poids du passé sur le présent incertain. L’exemple de la Pologne et de l’ex-RDA, in Heinen J., Gautier A. (dir.), Le sexe des politiques sociales, Paris, Côté-femmes édition, p. 145-170.

Thèse ou mémoire : Ouellet J. (2012), Adaptation de l’enfant, conflits parentaux et relations parents-enfant en garde partagée et en garde seule, thèse de doctorat en psychologie sous la direction de Sylvie Drapeau, faculté des sciences sociales, université Laval, Québec.

Cas d’une communication sans actes : Zaltron F. (2021), « La place des maisons de santé pluridisciplinaires dans les trajectoires des enfants et adolescents atteints de maladie chronique », communication au colloque Passages d’âge et transitions dans les soins, LASA (Université de Franche-Comté-Bourgogne) et UMR 7367 (Université de Strasbourg), 6 et 7 avril.

Rapport institutionnel : Observatoire national de l’enfance en danger (Oned) (2014), La situation des pupilles de l’État – Enquête au 31 décembre 2011, <https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/> (consultation août 2018).

 

 

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2024 - n° 5

Systèmes de santé

et santé des systèmes

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