

Appel à article pour un numéro à paraître en 2026
Lectures du corps 2
numéro coordonné par Patrick SCHMOLL
Ce projet de numéro reprend et poursuit la réflexion engagée à l’occasion d’un précédent numéro des Cahiers, sous le même titre (n° 5), mais également certaines des pistes de recherche ouvertes par le numéro consacré à la « santé des systèmes de santé » (n° 4).
La systémique privilégie en effet une approche globale, holistique des phénomènes. Elle observe et étudie un système selon diverses perspectives et à différents niveaux d'organisation, et prend en compte les interactions multiples existant entre les parties du système, et entre le système et son environnement.
Le corps, sous ses aspects directement vécus par tout-un-chacun : la santé, la maladie, le plaisir, la douleur ou la souffrance, les thérapies médicales et psychologiques, les processus de guérison, est sans doute le lieu où se manifeste le plus visiblement l’originalité des approches systémiques. Celles-ci, en prenant en compte la globalité et la complexité des facteurs de santé, se distinguent en effet des approches traditionnellement analytiques en biologie et en médecine.
La promotion d’une médecine « fondée sur des faits probants » (Evidence Based Medicine), dans une lecture en fait restrictive de ce terme, tend à ne retenir que les lectures du corps qui, par isolement et réduction des facteurs, et par éviction de la dimension subjective du rapport malade-médecin, permettent d’associer à un symptôme un facteur causal déterminant (une anomalie génétique, un agent pathogène…), afin d’y appliquer un traitement ou un vaccin. Or le symptôme est souvent pris dans une configuration associant plusieurs pathologies, dont les facteurs sont multiples, relèvent de registres différents, biologiques, mais aussi environnementaux, sociaux, familiaux, culturels, psychologiques, et parfois économiques et politiques (si l’on admet que notre société invente des traitements pour des maladies qu’elle-même produit).
Dans une perspective systémique la personne qui présente une maladie ou un trouble organique et/ou psychique n’est pas vue comme une entité séparée de son environnement, porteuse d’un symptôme univoque justiciable d’un traitement normé qui éliminerait le problème. L’organisme n’est pas isolable du sujet qui l’habite et le meut, avec son histoire et ses projets. Non plus que ce corps vivant n’est isolable de ses interactions avec son environnement, ses inscriptions sociales, sa dynamique familiale.
Le corps est le lieu de l’expérience véritable, nécessairement singulière. La complexité du corps vivant, habité, investi affectivement, aimé ou malmené par soi ou par l’autre, requiert une observation, une écoute : une démarche clinique, qui replace le patient au centre du diagnostic et du choix, et de ce fait au centre des dispositifs de soin et de santé. La science peut établir une connaissance robuste sur le corps, son fonctionnement, ses pathologies, les traitements à lui appliquer ; la médecine, et plus généralement les professions de santé, peuvent expliquer à quelqu’un ce qui est bon pour son corps, et donc pour lui : il n’en demeure pas moins qu’en dernier ressort, c’est le sujet qui fait l’expérience dans son corps de ce qui est bon, sinon pour son organisme, en tous cas pour lui-même, et il est le seul à pouvoir le faire.
Une approche systémique devrait en particulier autoriser une lecture renouvelée des médecines non conventionnelles, globalement rejetées par le discours biomédical, qui les considère comme non-scientifiques. Médecines traditionnelles ou dites « alternatives », pratiques psychothérapeutiques et psychosomatiques portent en fait le débat sur le fond : sur le terrain de l’épistémologie. Chaque cas se présente certes comme unique, ce qui rend difficile de généraliser les conclusions de l’observation. Et le praticien doit interpréter selon son art autant que tenter de reconnaître un tableau clinique standard. Mais la pratique peut-elle se réfugier derrière l’irréductibilité du rapport singulier entre le thérapeute et le sujet ? La clinique n’est-elle pas en mesure de produire elle aussi des connaissances robustes ?
Ce numéro appelle à des contributions qui
– proposent des lectures plurielles, transdisciplinaires du corps ;
– présentent des problématiques de santé dans leur complexité éco-socio-psycho-somatique, impliquant les facteurs biologiques (génétique, agents pathogènes, alimentation…) mais également l’environnement, le contexte social, la dynamique familiale, l’histoire du sujet, les modalités de sa prise en charge par les institutions de soin et de santé ;
– explorent des approches thérapeutiques qui intègrent ces différents facteurs dans une perspective holistique, tout en s’attachant à interroger les moyens de la preuve que se donnent ces approches.
Les propositions d’articles sont à envoyer à la rédaction des Cahiers de systémique (contact@groupepsi.com), avec un résumé et des mots-clés en français et en anglais, avant le 31 mai 2026. Parution prévue au deuxième semestre 2026.
Consignes aux auteurs



